Les Fraises du Périgord
Le printemps arrive, les robes se font légères, les peaux encore pâles se dévoilent un peu plus chaque jour.
Par hasard, mais peut être saviez-vous que j'y ai mes habitudes, vous savez tant de choses de moi, je vous croise au marché. Échanges de regards, je suis avec des amis, vous me saluez de loin, de la tête et vos yeux se baissent un instant. Un moment plus tard, je sens votre présence près de moi... Vous êtes là tenant la même barquette de gariguettes que moi.
-Viendriez-vous pique-niquer avec moi ?
-Quand ?
-Tout à l'heure, à 13 heures.
-Pourquoi pas …
-Je vous envoie l'adresse de l'endroit par sms.
Du bout des doigts vous effleurez ma main en remontant un peu sur mon poignet, mon avant-bras et vous disparaissez parmi les paniers et les parasols. Je reste là, les fraises à la main et la marchande me regarde étrangement. Je paie et rejoins la bande déjà attablée et joyeuse. On fait des plans pour la soirée, on s'interpelle. Moi j'attends une vibration qui tarde un peu... Enfin pas tant que ça, j'ouvre le message, une suite de chiffres et de lettres, juste des coordonnées GPS. Décidément vous aimez les mystères. Encore une fois, l'espace d'une seconde je me demande si je ne suis pas folle d'aller rejoindre ce diable d'animal dont je ne sais presque rien dans un lieu inconnu. L'envie balaye le risque.
Je ramasse mon panier, envoie un baiser à la cantonade, promets d'être à l'heure pour le concert du soir et me sauve dans le dédale des rues pavées en cachant mes yeux qui brillent derrière mes lunettes noires.
GPS programmé, je suis les indications de la voix, les routes deviennent de plus en plus étroites pour finir en un chemin dont le centre est couvert d'herbes folles, « vous êtes arrivez ». Devant moi je reconnais votre voiture, au moins je suis au bon endroit, et je repère sous l’essuie-glace arrière une flèche dessinée sur une simple feuille m'indiquant la voie à suivre ainsi que la distance : 200m. J'entends le bruit de la rivière, au moins je pourrais m'échapper à la nage au cas ou... Au bout du sentier, la clairière attendue et vous... lisse, nu et à genoux dans l'herbe... J'ai faim d'un coup ! Une faim de louve... Une jolie nappe, des victuailles appétissantes, un panier, le cliché est un peu convenu mais je suis encore une fois séduite. Je m'approche de vous, retire mes chaussures pour le plaisir de sentir l'herbe fraiche entre mes orteils, vous prenez ma main et la baisez. Un baiser tendre et plein de respect comme toujours. Du bout du pied je tâte votre queue qui me salue elle aussi.
Vous avez prévu des coussins pour mon confort, je m'installe et pique une fraise dans la barquette pendant que vous allez chercher la bouteille de Tariquet qui rafraichie dans l'eau. Je vous soupçonne de faire un peu exprès d'arpenter la clairière de long en large pour que je profite du spectacle car après la bouteille de vin, c'est l'eau que vous allez récupérer. J'avoue que je ne peux pas m'empêcher de vous suivre des yeux. Votre service est impeccable, je suis gâtée et ma légendaire gourmandise aussi. Nous déjeunons en discutant de tout, de rien …. Lorsque je repère un autre panier, plus petit, près d'un arbre que je n'avais pas remarqué
-qu'y a-t-il dans ce panier ?
-Le dessert si vous voulez ….
-Montrez-moi cela !
Le contenu de ce panier m'enchante : deux paires de bracelets de cuirs et des cordelettes de différents diamètres et longueurs.
-Les deux arbres là-bas me semblent parfaits.
-Donnez-moi les bracelets !
Vous présentez un pied puis l'autre pour que je les enferme dans les bandeaux de cuir, puis vous m'aidez à me relever et me tendez vos poignets qui se trouvent aussitôt prisonniers également
-Allons-y !
Vous me suivez docilement en portant le panier rempli de cordes jusqu'aux arbres dont l'écartement est effectivement parfait. Un par un, j'entreprends d'attacher chacun de vos membres, les bras d'abord aux branches hautes, puis vos jambes aux troncs. En quelques minutes à peine vous êtes écartelé, immobilisé, disponible et entièrement accessible. En tout dernier lieu j'attache votre cheville droite, je remonte le long de votre jambe du bout des ongles laissant une trace rouge régulière de la cheville à l'intérieure de votre cuisse, qui continue sur la fesse puis s'incruste sur votre dos en créant un frisson.
Je vous laisse ainsi un moment, le temps de choisir une branche sur un noisetier voisin. Je la choisis longue et feuillue. Je la fais virevolter dans l'air, elle siffle près de vos oreilles. Le premier coup atteint vos fesses qui sursautent. J'enchaine les coups régulièrement faisant rougir et chauffer votre peau, peu à peu je vois les muscles de votre dos se détendre, votre respiration devient plus profonde comme si vous puisiez dans cet air la force d'endurer en silence ce tourment. Au fur et mesure la branche perd ses feuilles et devient plus cinglante, à moins que ce ne soit mon bras qui ne se fasse plus précis et plus acéré. Quand enfin un premier cri sort de votre gorge comme une exultation mes jambes tremblent et mon ventre se sert. Galvanisée par vos réactions et par le crescendo de vos plaintes mes coups s'appuient plus fort, laissant des lignes plus rouges au bas de votre dos. Plus vos cris deviennent profonds et forts, plus mes coups sont cinglants et vifs. Pas une fois le noisetier ne rate sa cible, pas un jet sans un râle en réponse. La branche vole de plus en plus vite, de plus en plus fort. Mon bras s'emballe dans le silence de l'eau qui chante, des oiseaux qui chantent, mes oreilles bourdonnent... Je n'entends plus que le sifflement de le badine, que vos cris qui s’égrènent, que le claquement sur votre peau. Je ne vois plus que votre dos, que votre cul qui rougissent, qui se strient de rouge. Je suis emportée par un élan, par mon élan quand soudain la brindille se brise …. Au bout de la branche un lambeau pend...misérable comme une oriflamme en berne …. Mon bras soudain me fait mal. En face de moi votre cul m'apparait plus vermillon que rouge.... j'aspire une longue goulée d'air qui me brule les poumons et me ramène à la réalité de la clairière. Un moment mes jambes ne me portent plus, je suis dans cet état d'inconscience que la jouissance créé, je flotte en dehors de moi-même et mon seul réconfort se trouve en vous. Je laisse choir ma baguette et me réfugie contre vous, je vous enlace. Nos respirations se mêlent en désordre, envahies par la grande chamade de nos battements de cœurs. Je fais courir mes doigts le long de vos flancs, découvrant le relief des stries laissées par ma badine et vous faisant frissonner. Nos bouches se rencontrent enfin et c’est dans ce baiser tendre et passionné que nous retrouvons notre sérénité.
Prenant le temps de longues caresses délicates, parfois indiscrètes ou insidieuses, j’entreprends de vous détacher…. Le résultat ne se fait pas attendre, vous bandez. Comme j’aime vous voir bander pour moi et par moi ! Quel plaisir de susciter cette envie si visible !
Je me laisse aller dans les coussins, profitant de la douceur du soleil du printemps, vous vous installez à genoux à mes pieds, en prenant l’initiative d’un massage de mes petons. Sans en avoir l’air de la plante vous remontez vers la cheville, le mollet… Au genou, glissant sous ma jupe, votre bouche remplace vos doigts, puis s’aventure à l’intérieur de ma cuisse… jusqu’à ce creux de moi si sensible … la caresse de votre langue et de vos lèvres m’emporte par vague dans un plaisir animal sans retenue…
Quand je redescends sur terre, vous êtes allongé contre moi, souriant, arrogant et toujours bandant. Je tapote votre joue en souriant, je récupère mes chaussures, dépose au coin de votre bouche un baiser léger, puis me lève et m’en retourne à ma voiture. A la lisière de la clairière je me retourne, vous êtes là à genoux, au milieu des coussins, la queue droite et au bas de votre fesse gauche une marque bien visible en forme qui a la forme d’une fraise bien mûre….